Avec Kiborg, Sobaka Studio nous plonge dans un univers brutal et dystopique, où la survie passe par la violence et le spectacle. Ce roguelite à la troisième personne mêle beat’em up nerveux, progression procédurale et personnalisation cybernétique, le tout dans un décor carcéral futuriste. Une expérience bourrine qui pourrait bien taper dans l’œil des amateurs d’action effrénée.
Dans Kiborg le joueur incarne Morgan Lee, un détenu condamné à 1 300 ans de prison sur la planète Sigma. Son seul espoir de liberté ? Participer à une émission de téléréalité mortelle, The Last Ticket, où les prisonniers s’affrontent dans des arènes générées aléatoirement. À la clé, une annulation complète de sa peine pour le vainqueur. Mais c’est surtout la mort qu’on trouve au bout de la route. Pas grave, puisque le directeur de la prison, Volkov, a la technologie pour nous ramener à la vie autant que nécessaire. L’effet secondaire est une perte récurrente de la mémoire et pour ça aussi Volkov a une solution. En effet, vous serez accompagné par un hologramme, Iga, qui vous conseillera durant toute votre aventure, histoire de vous rafraichir la mémoire. En plus d’expliquer les bases du gameplay et de la progression, Iga nous prodigue également de précieux conseils pour comprendre certaines mécaniques de jeu et vaincre les différents ennemis rencontrés. Préparez-vous à affronter des adversaires variés : criminels armés de couteaux ou de pistolets, colosses équipés d’énormes marteaux à deux-mains, psychopathes fans de tronçonneuse, commandos dotés de fusils de précision et de boucliers énergétiques, mutants morts-vivants, etc. C’est sans compter sur les éléments interactifs présents dans certaines arènes, qui peuvent être aussi bien des pièges (mines, tourelles laser, etc.) que des atouts. Vous pourrez par exemple activer un robot pour qu’il vous aide à nettoyer une salle. L’ambiance digne de Running Man fonctionne à merveille, même si le titre se révèle par moments plutôt fouillis. Entre les ennemis, les pièges de l’arène, les alliés, les caisses bonus à récupérer on a parfois du mal à s’y retrouver. Un radar pour repérer facilement les ennemis ne serait peut-être pas un luxe. Mais c’est aussi ce qui fait le charme de Kiborg, avec son joyeux bazar où tout explose. Le jeu de Sobaka repose sur une boucle de gameplay classique mais efficace : enchaîner les salles, affronter des ennemis variés, récupérer des armes, des améliorations, des crédits pour aller le plus loin possible, débloquer de nouveaux équipements, et une fois la run terminée dépenser ses points pour booster son personnage et recommencer.
Prison Break à coups de mandales
Pour maintenir notre intérêt Kiborg s’appuie sur un contenu solide qui magnifie la boucle de gameplay. Vous aurez à votre disposition des armes de corps à corps à la durabilité limitée, des armes de poing et des armes à gros calibres. Mais ce qui fait vraiment la différence ce sont les Augments, des améliorations cybernétiques permanentes qui transforment votre style de jeu. Bras explosifs, jambes transformant l’esquive en téléportation, torse qui régénère les dégâts subis… chaque run devient une expérience unique grâce à ces modules. Ce sont donc les Augments qui définissent votre build et votre stratégie avec 7 emplacements (jambes, bras gauche, bras droit, tête, colonne vertébrale, cœur, torse) et de nombreux sets d’armures à débloquer. Par exemple, le set Guardian est accès sur la défense, tandis que le Gunslinger améliore les armes à feu, en plus de vous fournir un drone de combat, et que le Source invoquera automatiquement des alliés pour vous prêter main forte. En plus de tout ça vous trouverez des implants, pour obtenir divers bonus, et des mutations qui orienteront vos stratégies en vous accordant un avantage accompagné d’un malus. Vous pourrez choisir d’améliorer vos capacités défensives tout en réduisant votre barre de vie, augmenter vos dégâts au prix de votre vitesse de déplacement, ou encore obtenir plus de ressources en tuant les ennemis, mais alors ces derniers ont plus de vie et font plus de dégâts. Là aussi il y a de quoi faire. La progression est soutenue par un arbre de compétences conséquent, permettant de débloquer des synergies entre modules, des bonus passifs, ou encore des équipements de départ. La mort est fréquente, mais chaque tentative nous rapproche de la run parfaite. Clairement ce n’est pas pour l’histoire qu’il faut jouer à Kiborg, mais bien pour ce gameplay survitaminé et ultraviolent. Niveau sensations, on est proche d’un Batman Arkham, en moins virevoltant. A défaut d’un Bat-grappin Morgan dispose d’un dash avant très pratique, qui peut nous faire parcourir toute l’arène pour nous projeter sur un ennemi. Le reste est classique : attaque faible, lourde et circulaire, tir avec l’arme principale et secondaire, esquive et parade (avec la possibilité de faire des esquive et parades parfaites).
Hémoglobine Super Star
À cela s’ajoute divers combos, pour par exemple casser les boucliers des ennemis ou les repousser au loin. Vous aurez aussi 4 pouvoirs, aussi bien offensifs que défensifs, à utiliser avec parcimonie. Vous pourrez par exemple soigner une petite partie de votre vie ou poser un explosif. Nous aurions aimé profiter d’un catalogue plus large de pouvoirs et en choisir 4 actifs pour chaque run. En l’état ils se révèlent bien moins impactant que les Augments. Côté défense, sachez que Morgan démarre une partie avec un nombre restreint de « boucliers ». Ces derniers représentent votre capacité à parer et esquiver, si vous tombez à cours vous serez sans défense. Heureusement ils se régénèrent assez vite, mais le jeu nous pousse à être vigilant. Il faut savoir s’adapter à la situation pour ne pas se retrouver à sec au mauvais moment. Car la parade et la parade parfaite vous demanderont plus ou moins de « boucliers » en fonction de la puissance du coup ennemi. Kiborg est donc plus subtile qu’il n’y parait de prime abord. Parer avec succès vous permettra aussi de générer de l’énergie pour utiliser vos pouvoirs. Certains Augments en tirent d’ailleurs des avantages spécifiques. On regrette donc que le didacticiel du jeu n’évolue pas en même temps que nous. Car s’il est pratique pour comprendre les bases du gameplay, nous aurions aimé qu’il creuse également les éléments plus avancés du titre. Le jeu souffre d’autres défauts notables, comme des bugs d’affichage, un manque de variété pour les boss et des soucis de visée. Car viser en mode manuel se révèle souvent hasardeux, d’autant plus que le jeu est assez chaotique et les premiers niveaux sont plutôt sombres. On pourra donc reprocher à Kiborg son côté fouillis et la frustration qu’engendre une mort qu’on n’avait pas du tout vu venir. Un bestiaire aurait aussi été bienvenu. Kiborg est suffisamment généreux et fun pour passer outre ces soucis, d’autant plus que le studio Sobaka n’a pas dit son dernier mot. En effet, l’équipe de développement met régulièrement Kiborg à jour et a annoncé récemment la validation du jeu sur Steam Deck. De plus, elle prévoit du contenu supplémentaire et travaille sur un mode coopératif en local.
L’univers carcéral futuriste est bien représenté avec des environnements plutôt variés. D’un point de vue purement technique le titre n’a rien d’exceptionnel, mais l’atmosphère qu’il dégage fonctionne à merveille. Certains designs d’ennemis, de décors et d’Augments, valent vraiment le détour.
Les combats sont brutaux et satisfaisants, mais manquent parfois de précision, notamment dans l’usage des armes à feu. Kiborg s’appuie sur des mécaniques de jeu solides et variées, qui compensent une certaine redondance dans les salles et les ennemis. Le système d’Augments est au cœur du gameplay et offre un grand nombre de builds à tester afin de pimenter chacune de nos runs.
La bande-son et les bruitages sont convaincants mais un peu trop discrets. Le boulot est bien fait, mais rien de mémorable ici. Les doublages s’en sorte mieux avec Volkov et Iga. Mention spéciale à cette dernière qui nous accompagne efficacement le long de l’aventure avec ses précieux conseils.
Comme tout bon roguelite qui se respecte, Kiborg mise sur la rejouabilité et l’amélioration du personnage principal pour nous retenir devant notre écran. Il y a beaucoup de choses à débloquer et les runs sont variées. Grâce à la génération procédurale et aux builds multiples on ne s’ennuie pas. En revanche ne cherchez pas un contenu narratif fort, l’histoire de Kiborg est avant tout un prétexte pour se défouler.
Kiborg a du cœur et des tripes, il plaira aux amateurs d’action à l’état pur avec son mélange très réussi de beat’em up et de roguelite ! Malgré quelques soucis et un certain manque de finition, le jeu se révèle suffisamment généreux et addictif pour séduire les amoureux de castagne. Le gameplay s’avère très solide et plus subtil qu’on ne pourrait le croire de prime abord. La star du jeu est clairement le système d’Augments, qui offre beaucoup de possibilités et une progression grisante. L’approche, résolument bourrine, laisse de côté l’histoire pour tout miser sur une ambiance dystopique bien gore. Donc si vous cherchez une narration profonde et aboutie, passez votre chemin, vous ne trouverez ici que de l’adrénaline et du fun !