Le studio Overseer Games nous propose une approche originale avec Kaiserpunk, un jeu de gestion et de stratégie à grande échelle. En effet, Kaiserpunk mélange 2 genres de jeux ; le type « City Builder » et le type « Grand Strategy », pour créer un nouveau genre que le studio appelle « Grand City Builder ». Est-ce la combinaison gagnante qui ravira les fans de gestion et de stratégie, ou juste un mélange indigeste ?
Kaiserpunk nous plonge dans un 20ème siècle uchronique, de 1918 à 1945, à la tête de notre propre nation. Il sera possible de personnaliser cette dernière en choisissant son nom, un des points de départ disséminés à travers le globe, un héritage pour obtenir un ensemble de bonus et de malus, ainsi que son drapeau. Une fois ces options définies, il ne reste plus qu’à choisir le nombre d’adversaires gérés par l’IA, leur difficulté et la quantité de ressource à notre disposition (avec la possibilité d’opter pour des ressources infinies). Commence alors un début de parti semblable à un épisode d’Anno. Il faudra construire des habitations pour avoir de la main d’œuvre, récolter des ressources variées et les transformer pour répondre à divers besoins. En construisant vos infrastructures vous gagnerez des points de développement dans un des nombreux arbres technologiques (transport, industrie, agriculture, population, etc.), ce qui vous débloquera de nouvelles possibilités. Si vous connaissez déjà la saga d’Ubisoft vous serez ici en terrain connu, avec des chaines de production à foison, 4 catégories de citoyens, chacune spécialisée dans une tâche, avec des besoins primaires et des besoins de luxe. Il faudra aussi penser à fournir des services publics, comme des casernes de pompiers, ou encore des écoles. Sinon gare à la révolte, vos citoyens peuvent rapidement se mettre en grève, voire brûler le voisinage. Même si l’interface n’est pas des plus pratiques, on s’y fait et on apprécie de développer notre ville. Dommage que la caméra ne puisse pas dézoomer davantage.
En plus de gérer la production et le bonheur de nos citoyens, nous devons également créer des bases militaires (terrestres, maritimes et aériennes) pour former et déployer des troupes. Là aussi il y a pas mal de contenu à se mettre sous la dent, avec des évolutions pour les soldats et les véhicules, différents types de chars, des chasseurs, des bombardiers et bien d’autres. Au total c’est une petite trentaine d’unités différentes qui s’offrent à nous et même si Kaiserpunk ne rivalise pas avec les jeux de stratégie les plus aboutis, il propose suffisamment de variété pour tenir solidement la route sur cette partie. Car une fois lancé dans la conquête du monde, vous vous retrouverez sur une carte à la Europa Universalis ou Heart of Iron (ou RISK si vous aimez les jeux de plateau), où vous déplacerez vos troupes pour conquérir de nouveaux territoires. Le jeu ne réinvente pas la roue, mais offre une expérience assez complète, avec notamment la gestion des lignes d’approvisionnement pour les soldats, ainsi que des aménagements de territoire pour maximiser sa production, ou ses capacités d’attaque et de défense. Par exemple, vous pourrez construire un avant-poste pour faciliter l’acheminement du ravitaillement pour vos troupes, ou des exploitations pour générer plus de ressources sur le territoire. Dommage que la prise en main de cette partie stratégique se révèle peu pratique et les aménagements trop limités. Là encore la caméra est trop proche et certains éléments manquent également de clarté, ce qui gêne la progression. Cette partie du jeu manque un peu de contenu mais surtout de fluidité.
D’une petite bourgade à une immense mégalopole
Le cœur de l’expérience proposée par Kaiserpunk repose avant tout sur la partie gestion de ville. C’est ce qui occupera le plus clair de votre temps et c’est la dimension la plus aboutie. Tout au long de la partie vous n’aurez qu’une seule ville à gérer. Conquérir de nouveaux territoires ne vous permettra que de construire des infrastructures sur place. Le gameplay sur la carte mondiale est moins poussé, mais le mariage des 2 genres fonctionnent bien dans l’ensemble. Pourtant sur certains aspects ces 2 styles s’imbriquent assez difficilement. Les déplacements des armées sur la carte du monde se révèlent assez lourds, la diplomatie a peu de choses à offrir et les conditions de victoire ne sont pas claires. Il y a beaucoup de choses à gérer et on ne sait pas toujours où donner de la tête. Heureusement, le jeu propose plusieurs didacticiels qui aident beaucoup. Toutefois, les développeurs auraient dû aller encore plus loin pour expliquer plus en détail les aspects liés à la conquête et la gestion des provinces, mais aussi la diplomatie et le commerce. Le titre manque cruellement d’informations contextuelles. Nous aurions aussi aimé que la formation des premières troupes soit plus rapide, pour se lancer plus vite à la conquête du monde.
Depuis sa sortie Kaiserpunk a profité de plusieurs mises à jour qui ont amélioré la prise en main et la compréhension. L’ajout de filtres pour repérer plus facilement certaines structures et voir en un clin d’oeil la portée des bâtiments de service aident énormément. Nous saluons les efforts d’Overseer Games qui écoute les retours des joueurs et continue de peaufiner l’expérience de jeu. Mais en l’état le titre souffre encore d’un certain manque de finition. La diplomatie est bien présente dans le jeu, mais n’a pas grand-chose à proposer à l’heure actuelle. C’est bien dommage car cette carence déséquilibre le jeu. La difficulté de l’IA pourrait aussi être mieux dosée et proposer plus de paramètres de personnalisation. Quelques bugs trainent toujours par-ci par-là. En revanche, certaines améliorations récentes sur l’aspect visuel du jeu font vraiment plaisir à voir. Le jeu ne peut pas se hisser à la hauteur d’un AAA, mais parvient à tirer son épingle du jeu malgré ses moyens limités. Chaque bâtiment a ses propres animations et c’est un plaisir de voir notre population s’animer au fur et à mesure que notre ville grandit. Dans l’ensemble Kaiserpunk est une réussite, en proposant une expérience originale qui tient la route, mais souffre encore de plusieurs défauts. Nous espérons que les développeurs iront jusqu’au bout de leur démarche pour renforcer encore l’ergonomie, corriger les bugs et affiner le gameplay, notamment l’échelle mondiale.
Visuellement, le jeu s’en tire très bien au vu de ses moyens. Notre ville se révèle très vivante grâce aux différentes animations présentes. Vous trouverez aussi de nombreuses décorations pour peaufiner l’esthétique du cœur de votre empire. On regrette juste des designs très classiques pour les unités. L’ensemble manque de fantaisie.
Le titre offre de nombreuses possibilités en mélangeant de la gestion de ville à de la conquête de territoire. Ce mix d’Anno et de Heart of Iron fonctionne bien dans l’ensemble. Vous devrez développer moult chaines de production pour faire tourner votre économie et vous constituer une armée digne de ce nom. La partie conquête à l’échelle mondiale est moins peaufinée et mériterait à gagner en fluidité.
La bande-son pose bien l’ambiance sans être mémorable. Les musiques s’avèrent bien rythmées et entrainantes, mais trop redondantes. Les bruitages manquent de saveur pour véritablement être marquants.
Kaiserpunk peut compter sur une durée de vie très solide. Une partie pourra vous prendre plusieurs dizaines heures avant d’atteindre la victoire. La rejouabilité est aussi de mise, grâce aux nombreux paramètres de début de partie.
Avec son pari audacieux Kaiserpunk est une réussite. Le titre parvient à proposer une expérience originale qui tient la route, malgré plusieurs défauts. Il y a un certain déséquilibre entre la partie gestion de ville et conquête. La première étant plus aboutie et satisfaisante que la seconde. Les bases du gameplay s’appuient sur un socle solide, qui mériterait d’être amélioré pour la partie stratégique. Quelques bugs et détails viennent aussi entacher l’expérience, comme une caméra bien trop proche de l’action qui nous empêche d’avoir une vision globale. Heureusement, les équipes d’Overseer Games sont à l’écoute des retours des joueurs et continuent à améliorer leur titre. Aujourd’hui Kaiserpunk propose une expérience attachante et globalement bien aboutie, mais qui gagnerait à être encore affinée.
