Avec Assassin’s Creed Shadows, Ubisoft poursuit la transformation progressive de sa licence phare, initiée depuis Assassin’s Creed Origins, tout en répondant enfin à une attente formulée depuis plus de quinze ans par la communauté : explorer le Japon féodal. Sorti dans un premier temps sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series, cet épisode s’est rapidement imposé comme l’un des volets les plus marquants de la saga récente, autant par son cadre que par sa volonté de revenir à une approche plus mesurée du monde ouvert. L’arrivée du jeu sur Nintendo Switch 2 constitue donc un événement important, tant le défi technique est élevé : adapter un jeu AAA moderne, pensé pour des machines puissantes, à une console hybride destinée aussi au jeu nomade.
Depuis 2007, la série Assassin’s Creed n’a cessé d’évoluer, parfois au prix de critiques sur son identité. Après des épisodes jugés trop généreux en contenu ou trop proches du RPG pur, Ubisoft a cherché avec Shadows à trouver un équilibre plus cohérent entre narration, exploration et gameplay. Lors de sa sortie sur PS5 et Xbox Series, le jeu avait été salué pour sa direction artistique, son ambiance et sa mise en scène, tout en recevant certaines critiques sur son rythme parfois lent et son monde ouvert jugé moins spectaculaire que dans Valhalla. Des débats qui prennent une toute autre dimension lorsqu’on aborde la version Switch 2, pensée pour une utilisation plus fragmentée et mobile. Dès les premières heures de jeu, Assassin’s Creed Shadows impose une atmosphère singulière. Le Japon féodal y est dépeint comme un monde dur, contrasté, où les moments de contemplation côtoient une tension permanente. Ubisoft privilégie clairement l’immersion et l’observation, invitant le joueur à prendre son temps, à analyser les environnements et à planifier ses actions. Cette approche, parfois critiquée sur les plateformes plus puissantes pour son manque de spectaculaire immédiat, trouve sur Switch 2 un terrain particulièrement adapté. Les sessions plus courtes en mode portable renforcent cette sensation de progression naturelle et mesurée. Le monde ouvert de Shadows ne cherche pas la démesure artificielle. Il se distingue avant tout par sa cohérence. Les régions s’enchaînent de manière crédible, alternant villages animés, routes commerciales, zones rurales, temples isolés et forteresses solidement gardées. Chaque zone semble pensée pour servir à la fois l’exploration et les mécaniques propres à la saga. Loin d’un simple empilement d’activités, le joueur est encouragé à observer, à prendre de la hauteur et à analyser le terrain avant d’agir. Cette philosophie de jeu, déjà présente sur les versions PS5 et Xbox, fonctionne étonnamment bien sur Switch 2, Joy-Con en main.
L’exploration reste l’un des piliers de l’expérience. Les points d’intérêt se dévoilent progressivement et récompensent la curiosité du joueur. Découvrir un raccourci, une cache dissimulée ou une opportunité d’infiltration procure une satisfaction réelle. Ubisoft a visiblement travaillé le rythme de progression afin d’éviter la surcharge d’objectifs, un reproche fréquent adressé à certains anciens épisodes. Shadows laisse respirer son monde, renforçant ainsi le sentiment de liberté et d’immersion. Le parkour, élément emblématique de la série, impressionne particulièrement dans cet opus. Les déplacements des deux personnages sont fluides et naturels, avec des enchaînements efficaces entre course, escalade et sauts. Cette fluidité contribue grandement au plaisir de jeu, notamment lors des phases d’infiltration sur les toits ou des fuites improvisées. Sur Switch 2, malgré une puissance inférieure aux consoles de salon, la stabilité globale permet de profiter pleinement de cette mécanique historique de la saga. Les combats adoptent une approche plus mesurée et plus exigeante. Assassin’s Creed Shadows valorise clairement l’infiltration et la préparation. Les affrontements demandent une bonne lecture des ennemis, une gestion attentive du positionnement et un sens du timing maîtrisé. Le jeu décourage le combat frontal systématique et récompense la patience et l’observation, renouant ainsi avec l’esprit originel de la série. Cette orientation avait déjà été saluée lors de la sortie initiale, et elle conserve toute sa pertinence sur Switch 2. La narration se montre plus présente que dans certains anciens épisodes, sans pour autant devenir envahissante. L’histoire progresse par étapes, alternant moments forts et phases plus calmes. Les personnages bénéficient d’un traitement sérieux et crédible, et les enjeux s’intègrent naturellement au contexte historique. Si certains choix narratifs ont pu diviser les puristes lors de la sortie sur PC et consoles next-gen, l’ensemble reste cohérent et immersif.
Quelques concessions
Sur le plan technique, la version Switch 2 d’Assassin’s Creed Shadows fait l’objet d’un portage soigné, mais non exempt de compromis. Le jeu tourne à 30 FPS, aussi bien en mode docké qu’en mode portable. Cette limitation avait été largement commentée lors de l’annonce du portage, notamment par rapport aux versions PS5 et Xbox Series qui proposent des modes plus fluides à 60 images/seconde. En pratique ? le framerate se montre globalement stable, même si l’on observe quelques ralentissements ponctuels, en particulier dans les villes ou lors de scènes très chargées. Les concessions graphiques sont visibles : textures moins détaillées, distance d’affichage réduite et certains effets visuels simplifiés. Toutefois, la direction artistique forte du jeu permet de compenser largement ces "limites". Les jeux de lumière, les effets d’ombre, la météo dynamique et les cycles jour/nuit participent à une ambiance toujours aussi réussie. En mode portable, ces compromis deviennent nettement moins perceptibles et l’expérience reste très agréable ! Par ailleurs, l’ambiance sonore constitue l’un des grands points forts de cet opus. Les musiques, inspirées de la culture japonaise, accompagnent efficacement les phases d’exploration et se font plus intenses lors des moments clés. Les bruitages renforcent la tension et l’immersion, tandis que les doublages, notamment en version française, se montrent convaincants et bien intégrés. Enfin, la durée de vie est à la hauteur des attentes. L’histoire principale demande plusieurs dizaines d’heures, et l’exploration complète du monde ouvert peut facilement doubler ce temps. Si certaines quêtes secondaires manquent parfois d’originalité, l’exploration reste constamment plaisante et "gratifiante". Le format hybride de la Switch 2 se prête parfaitement à cette structure, permettant aussi bien de longues sessions immersives que des parties plus courtes en mobilité. Un portage qui a du sens pour s’occuper pandant les transports.
La direction artistique met superbement en valeur le Japon féodal. Malgré tout, sur Switch 2, les concessions techniques sont visibles face aux versions PS5 et Xbox Series, avec une limitation à 30 FPS et quelques ralentissements (dans les villes), mais l’ensemble reste solide, cohérent et impressionnant pour une console hybride. Un portage honorable.
On retrouve un cockatail d’actions ! Le parkour s’avère fluide, l’infiltration valorisée et les combats sont plus exigeants que par le passé. La prise en main est malgré tout intuitive et parfaitement adaptée aux contrôles de la Switch 2, en mode docké comme en portable. Pas de bémol sur les commandes !
Les musiques de ce dernier volet sont envoûtantes, les bruitages précis et immersifs, et les voix convaincantes. Tout est fait pour nous immerger pleinement dans cet univers Nippon.
Cette mouture Switch 2 offre un contenu riche et généreux, avec une aventure principale longue et un monde ouvert propice à l’exploration, idéal pour le jeu nomade. Reste que l’expérience peut être un peu répétitive à la longue.
Malgré des concessions techniques "inévitables", Assassin’s Creed Shadows sur Nintendo Switch 2 s’impose comme un portage réussi ! Ubisoft parvient à préserver l’essence de la saga tout en offrant un luxe rare : pouvoir parcourir un vaste "open-world" (AAA) dans les transports ou en déplacement. Une expérience agréable, immersive et cohérente, qui confirme que la licence "Assassin’s Creed" reste pertinente et capable de s’adapter à de nouveaux formats sans perdre son identité. De notre point de vu l’intérêt de ce portage est surtout pour les "novices" n’ayant pas déjà fini l’aventure.