Vingt-trois ans après la sortie du tout premier Mafia, la célèbre licence de Hangar 13 revient avec un nouvel opus… et une nouvelle approche. Exit le vaste monde ouvert des épisodes précédents : Mafia: The Old Country opte pour une structure narrative en chapitres, centrée sur une progression linéaire et une mise en scène soignée. Loin d’être un blockbuster AAA, le titre assume pleinement son statut de production AA, misant sur l’immersion, l’authenticité et le récit.
Voilà un jeu de 2025 que nous avions hâte de tester ! Le successeur (ou plutôt la préquelle) tant attendu de Mafia (2002) est enfin là : Mafia: The Old Country, aussi connu comme le "4ᵉ opus" de la série. Manette en main, il démarre fort ! Le ton est donné : Mafia: The Old Country privilégie la mise en scène et la progression contrôlée. Chaque chapitre alterne entre exploration de décors riches en détails, dialogues cinématographiques et séquences d’action calibrées… Les fusillades, bien que classiques dans leur exécution (système de couverture, armes à rechargement lent, visée précise), sont mises en valeur par des environnements variés : places de marché, ruelles étroites, villas luxueuses. Le jeu propose également quelques passages d’infiltration, simples mais efficaces (même s’ils auraient pu être un peu plus poussés), ainsi que des moments plus narratifs où l’on n’a qu’à observer et interagir pour faire avancer l’histoire. On est loin de l’immense bac à sable d’un GTA ! Avec ce nouvel opus, les couloirs scriptés servent la tension dramatique et évitent la dispersion. Ce choix de design pourra frustrer les amateurs de liberté totale, mais plaira à ceux qui apprécient les expériences linéaires et maîtrisées (riches en scripts). Techniquement, Mafia: The Old Country s’appuie sur l’Unreal Engine 5 pour offrir des éclairages naturels bluffants et des textures qui transpirent l’authenticité : murs blanchis à la chaux, champs de vignes, poussière dans l’air des villages, intérieurs cossus ornés de tapisseries et meubles sculptés. Le soft est parfois très joli, et d’autres fois un peu moins impactant. Reste que le rendu global est plus soigné que ce à quoi l’on s’attend pour un titre AA, même si certains PNJ se ressemblent et que les animations d’IA trahissent un budget plus limité. L’IA, justement, reste fonctionnelle mais peu évoluée pour un jeu paru en 2025 : les ennemis ont tendance à se mettre à couvert ou à foncer tête baissée, sans stratégies complexes. Cela n’empêche pas quelques affrontements tendus, notamment grâce à la mise en scène et à une bande-son qui souligne chaque échange de coups de feu. Nous aurions toutefois aimé avoir des musiques sous licence.
Toujours concernant l’ambiance sonore (très importante pour appuyer le rendu visuel !), Hangar 13 a eu la bonne idée de proposer un doublage intégral en sicilien, avec sous-titres multilingues. Les voix sont bien interprétées par les comédiens (notamment pour la VF), les intonations sont crédibles et les silences bien placés. Les bruitages — dont les cliquetis métalliques des armes, les pas sur les pavés ou encore les craquements de bois — participent à l’immersion, tout comme la musique qui, compte tenu des budgets limités, se résume à un mélange de thèmes orchestraux dramatiques et de mélodies folkloriques italiennes. Pourquoi pas ! Surtout que cette dimension sonore donne au jeu une ambiance 1900. Le tout peut plaire aux fans de cette époque et de la saga Mafia, mais il va forcément diviser les joueurs. Car si les deux premiers opus étaient plutôt mémorables, le troisième volet a révolutionné la formule pour un résultat en demi-teinte. En 2025, rebelote : Hangar 13 opte pour un jeu de couloirs qui reprend des éléments de gameplay connus et éculés. Le tout n’est pas mauvais, mais n’est pas aussi spectaculaire qu’escompté. Outre ces limites budgétaires (qui impactent forcément les ressources investies dans le projet), vous pourrez compter sur 8 à 10 heures de campagne linéaire et l’absence d’activités annexes substantielles.
Bref, Mafia: The Old Country vise un public précis : les joueurs qui préfèrent une expérience condensée, rythmée et surtout centrée sur un récit. Les fans des précédents opus retrouveront des thèmes familiers — honneur, famille, vengeance… — mais dans une approche plus resserrée, presque théâtrale. Cela change radicalement le style de ce divertissement. Il faut donc en avoir conscience avant l’achat. Les joueurs en quête de liberté totale ou de gameplay renouvelé à chaque instant pourraient trouver l’expérience rapidement répétitive. Mais pour ceux qui aiment (comme nous) les histoires mafieuses racontées avec soin et portées par une ambiance forte, cette production AA est tout de même une réussite, assumant ses limites tout en offrant une immersion que certains AAA peinent à égaler. Ce n’est pas si mal !
Nous découvrons une superbe reconstitution de la Sicile des années 1900, avec des effets de lumière et de textures d’une grande qualité pour un titre AA. Les personnages secondaires sont moins soignés et quelques problèmes d’optimisation sont à connaître au lancement (les patchs arrivent), mais l’ensemble reste cohérent et immersif !
Le soft propose un système de tir classique, des phases d’infiltration simples et de l’exploration 3D. La progression "en couloirs" et l’IA limitée peuvent sembler datées, mais la fluidité et le rythme soutenu maintiennent l’intérêt. Sans être parfait, ce nouveau Mafia bénéficie d’un charme certain.
Pour s’immerger, vous pourrez compter sur le doublage en sicilien convaincant (comme en VF), des bruitages réalistes et une bande originale immersive (folklorique à défaut de licences coûteuses...). L’univers sonore est l’un des points forts du jeu.
Comptez entre 8 et 10 heures pour finir cette campagne bien rythmée. En revanche, attention, le titre offre peu ou pas de rejouabilité ! Mais sa densité narrative compense la brièveté. On est un peu en présence d’un "film interactif".
Mafia: The Old Country n’est pas un blockbuster AAA, mais un jeu narratif maîtrisé, porté par une mise en scène soignée et une ambiance unique. Ses limites en matière de gameplay et d’IA sont compensées par la qualité de l’écriture, l’authenticité visuelle et sonore, et la cohérence globale. Une belle proposition de divertissement "PEGI 18" pour les amateurs de récits cinématographiques dans l’univers mafieux. Si vous recherchez un exutoire en monde ouvert, vous risquez d’être déçu(e) ! Hangar 13 a opté pour un jeu d’aventure orienté "couloirs", riche en scripts, et qui préfère une approche plus courte et dirigiste. Des choix qui peuvent diviser. Reste que l’expérience plaira aux amateurs du genre.